Revoir la remise des Grands prix 2021 des fondations de l’Institut de France

Qu’est-ce donc qu’un Prix de l’Institut de France, sinon l’encouragement, par le biais de la tradition, d’une action, d’une œuvre ou d’une initiative indispensable à la poursuite de la modernité et du progrès ? Un peu d’histoire. L’Institut de France a été investi en 1795 d’une ambitieuse mission philanthropique : « – L’Institut national, dans ses séances publiques, distribuera chaque année plusieurs prix. […] – Des récompenses seront également décernées […] aux inventions et découvertes utiles, aux succès distingués dans les arts, aux belles actions et à la pratique constante des vertus domestiques et sociales. » Deux siècles plus tard, ce qui nous fonde continue de nous guider. Décerner des encouragements sous forme de Prix, mais aussi de bourses et subventions, demeure l’une des actions essentielles de l’Institut.

Si nous nous faisons les gardiens de cet héritage, nous l’assumons avec une conscience aiguë de sa signification : concourir à améliorer notre société, en accompagnant et récompensant des avancées concrètes qui, dans les domaines scientifique, éducatif, artistique, humanitaire, environnemental, patrimonial et culturel, concourent à l’intérêt général et au bien commun. Notre volonté est que, chaque année, le palmarès représente un condensé de ce qui se fait de plus grand et de plus noble, au service de l’humanité, en France et dans le monde. Rien d’étonnant, au fond, si nombre des anciens lauréats des Grands prix de l’Institut ont été ensuite couronnés par le Nobel. Regardons le Prix Mondial Del Duca  : Konrad Lorenz, lauréat 1969, obtint quatre ans plus tard le Prix Nobel de médecine. Andrei Sakharov, lauréat 1974, se vit décerner le Prix Nobel de la paix en 1975. Mario Vargas Llosa, lauréat 2008, reçut le Prix Nobel de littérature en 2010. Cette même-année, Patrick Modiano reçut le Prix mondial Del Duca, quatre ans avant d’être consacré à son tour par le Nobel de littérature. D’autres lauréats des Grands prix de nos fondations ont fait le voyage à Stockholm à l’invitation des comités Nobel. Ben Feringa, lauréat du Grand prix Scientifique Del Duca en 2012, a reçu le Prix Nobel de chimie en 2016. William G. Kaelin, Peter J. Ratcliffe et Gregg L. Semanza, tous trois lauréats du Prix scientifique Lefoulon-Delalande en 2012, ont reçu le Prix Nobel de Médecine en 2019.

Certes, je ne prétends pas que recevoir un Prix de l’Institut serait une sorte d’antichambre du Nobel. Mais on voit bien les Prix que nous remettons sous la Coupole du quai de Conti, dans le cadre d’une cérémonie qui fêtera bientôt ses 20 ans, sont le reflet d’une ambitieuse exigence universaliste et humaniste, profondément ancrée dans l’histoire de la République française. Au-delà de ces valeurs intemporelles qui nous animent, je voudrais saluer le concours de ceux qui rendent ces actions et ces remises de prix possibles : les fondateurs et mécènes, dont la générosité est le fondement de cet édifice, mais aussi les académiciens qui, chaque année au sein des jurys, étudient avec patience et rigueur les nombreux dossiers de candidatures. Je tiens à les remercier. En leur nom et au nom de l’Institut de France, j’adresse à nos lauréats 2021 mes sincères félicitations. Que les Prix qui leur sont attribués facilitent la réalisation des objectifs qu’ils poursuivent et inspirent des projets semblables aux leurs. »