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Institut de France

«J’ai fondé le dessein de conter les métamorphoses des êtres en des formes nouvelles», écrit Ovide à l’orée de son grand œuvre. C’est aussi l’histoire de l’Institut de France, qui, sous les transformations du temps, a su rester lui-même.

Les Révolutionnaires de 1795 étaient guidés par un rêve, créer un «institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences» en rassemblant toutes les branches du savoir. Leur langue ardente n’avait pas peur des envolées lyriques: «ce sera en quelque sorte un temple national» ouvert «au savant qui continue Pascal et D’Alembert, au poète qui recommence Racine, à l’orateur, à l’historien, à l’artiste, à l’acteur » ; il couvrirait «d’une impérissable splendeur tout ce qui aura été grand, utile, républicain et généreux ».

Ces nouveaux législateurs, à défaut d’être précis et administratifs, n’avaient pas peur d’affirmer un idéal fondé sur des valeurs républicaines qu’ils inventaient avec enthousiasme, dans le fouillis inchoatif et grandiose de la Ire République.

Telle est la source à laquelle l’Institut a puisé pour perdurer jusqu’à aujourd’hui. Car si les réformes se font et se dissolvent sur les jours et les saisons, les rêves et les visions, têtus, tracent leur chemin tenace dans les successions des époques et des changements de régime.

L’Institut s’est modernisé au cours de sa longue histoire, s’inclinant devant les académies restaurées ou adoptant au début de notre siècle un nouveau cadre législatif. Cette année, il a aussi changé de visages. Je veux saluer Amin Maalouf qui a pris la relève, à la tête de l’aînée de nos cinq compagnies, de notre regrettée consœur, Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, dont la disparition, cet été, nous a tous attristés.

Ces mutations n’altèrent pas notre raison d’être. Quand aujourd’hui le vacarme de l’arène médiatique nous assourdit, que les décisions politiques de court terme nous aveuglent, que l’éternel présent de la communication nous ampute de notre mémoire, la stabilité et l’indépendance de l’Institut rendent hommage à la construction de la vérité, à l’intelligence de la nuance et du débat, et à l’admiration que l’on doit à ses prédécesseurs.

Ainsi, les traditions académiques témoignent de notre engagement pérenne à maintenir, comme des passeurs, notre précieux art de vivre républicain, alors que de nouvelles forces géopolitiques le menacent. L’Institut a défendu cette année les forêts françaises contre le réchauffement climatique, encore trop souvent remis en cause ; il a proposé des pistes pour encadrer les avancées de l’intelligence artificielle, qui présente comme vraies des contrevérités ; il a protégé la liberté de création de l’artiste à l’heure de la cancel culture; il a soutenu les fouilles archéologiques les plus récentes. Il sait que nous avons le devoir de rester nous-mêmes, en préservant et en aimant nos valeurs fondatrices, si fiables, de liberté et de vérité.

Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France

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