DEVENIR MÉCÈNE

Construire l'humain

Le problème complexe que nous aborderons est celui de la construction de l’animal humain. Au cours de cette série de huit conférences qui vont s’étendre jusqu’au mois de juin, cette question sera traitée d’un double point de vue biologique et culturel. Biologiquement, l’évolution du cerveau est décisive par ses profondes conséquences sur le comportement, tout particulièrement sur les pratiques culturelles et les liens sociétaux. D’où l’importance de saisir les changements évolutifs des programmes de développement cérébral ayant permis l’émergence des fonctions cognitives, d’une amplitude inégalée, qui caractérisent notre espèce. Mais il n’y a pas que le cerveau, et nous verrons aussi comment certains métissages ont joué un rôle clef dans notre adaptation génétique et immunitaire aux environnements nouveaux rencontrés par Homo sapiens au cours de ses migrations. Culturellement, notre trajectoire évolutive séparée depuis quelques 7 millions d’années, de celle des chimpanzés et bonobos, nous a comme « sortis de la nature ». Depuis Homo habilis, les homininés, n’ont cessé d’inventer des outils et des technologies, imposant des modifications irréversibles à notre milieu naturel. Parmi les sciences humaines, l’ethnographie et les recherches en préhistoire éclairent sur l’émergence et l’évolution des rôles sociaux, dont ceux liés au genre. De son côté, l’archéologie nous instruit sur l’évolution et l’expression matérielle des premières cultures symboliques au cours de nos 300,000 années d’histoire évolutive. Au terme de ce parcours, nous espérons être mieux informés des éléments biologiques et culturels ayant conduit Homo sapiens, à socialiser son environnement et à se construire des visions du monde historiquement évolutives et géographiquement diversifiées.

La science moderne a fait voler en éclats cette construction théorique. La gravitation a remplacé le mouvement des sphères. L’homme n’est plus au centre de la création. L’univers ne connait plus ni haut, ni bas. De nouvelles clefs d’analyse – physiques, biologiques, robotiques et informatiques – s’offrent à déchiffrer le vivant. Mais les arts plastiques et les fictions poétiques conservent tous leurs droits.

L'Édito

Je mesure combien notre mission est cruciale et singulière. Nous ne nous prenons pas pour une institution inclassable ou supérieure, une tour d’ivoire jouissant d’un statut que d’aucuns jugent démodé.


Nous formons, dans nos spécificités, un lieu ouvert où peuvent s’exercer librement les travaux scientifiques, littéraires et artistiques, au service de tous.

C’est en cela que nous sommes une institution républicaine. C’est en cela que la France montre, en nous plaçant sous la protection du chef de l’État, qu’elle est fidèle à elle-même : une grande nation qui garantit la liberté de pensée, de création et de recherche, en dehors des querelles partisanes. Nous voulons scrupuleusement honorer cette confiance que la France nous a accordée.

Tel est bien notre engagement fondateur, celui que Boissy d’Anglas formula dans son discours – certes emphatique mais visionnaire – à la Convention nationale, le 23 juin 1795 : « Nous proposons de créer un Institut national [qui] honore non seulement la France seule, mais l’humanité toute entière, en l’étonnant par le spectacle de sa puissance et le développement de sa force. »

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Toutes les conditions sont reunies pour poursuivre et reussir ce projet magnifique, grace a la volonte partagee et a la salutaire concorde de nos six entites (Academies et Institut).

À ma place, désormais, j’y concourrai de toute mon énergie, habité par la conviction que la culture et le savoir font prospérer l’unité, la force et la grandeur d’une nation.

Je mesure combien notre mission est cruciale et singulière. Nous ne nous prenons pas pour une institution inclassable ou supérieure, une tour d’ivoire jouissant d’un statut que d’aucuns jugent démodé.
Nous formons, dans nos spécificités, un lieu ouvert où peuvent s’exercer librement les travaux scientifiques, littéraires et artistiques, au service de tous. C’est en cela que nous sommes une institution républicaine. C’est en cela que la France montre, en nous plaçant sous la protection du chef de l’État, qu’elle est fidèle à elle-même : une grande nation qui garantit la liberté de pensée, de création et de recherche, en dehors des querelles partisanes. Nous voulons scrupuleusement honorer cette confiance que la France nous a accordée. Tel est bien notre engagement fondateur, celui que Boissy d’Anglas formula dans son discours – certes emphatique mais visionnaire – à la Convention nationale, le 23 juin 1795 : « Nous proposons de créer un Institut national [qui] honore non seulement la France seule, mais l’humanité toute entière, en l’étonnant par le spectacle de sa puissance et le développement de sa force. »
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Xavier Darcos, chancelier de
l’Institut de France 

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1/8 — « Devenir humain : la tyrannie du cerveau »

par Jean-Jacques HUBLIN, Collège de France, chaire de paléoanthropologie
Introduction par Antoine TRILLER

Pour le paléoanthropologue spécialiste de l’évolution humaine Jean-Jacques Hublin, « la grande affaire de notre évolution durant les derniers 300.000 ans est bien notre cerveau » : il a fallu 2,5 millions d’années pour passer d’un cerveau gros comme celui d’un chimpanzé au cerveau actuel de l’homme, caractérisé par un accroissement cérébral très supérieur à celui observé chez les grands singes. Mais comment le cerveau de l’homme a-t-il pu devenir le plus perfectionné ?

2/8— « Un singe au cerveau trop gros »

par Alain PROCHIANTZ, Académie des sciences, Professeur émérite au Collège de France, Directeur scientifique de BrainEver SAS.

En spécialiste de la biologie et du développement, Alain Prochiantz éclaire, à la lumière des dernières découvertes, le secret de l’espèce humaine. Même si nous avons plus de 98 % de génome en commun avec les chimpanzés, l’homme est un animal très à part, doté d’un cerveau hors du commun. En effet, il existe chez les primates une règle de proportion entre la taille du corps et celle du cerveau, et vu notre morphologie, un cerveau d’environ 500 centimètres cubes nous suffirait, or il occupe un volume de 1 400 centimètres cubes : si nous sommes des animaux spéciaux, c’est à cause de ce surplus.

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