La mort soudaine d’Hugues Gall nous sidère et nous accable. Car son tempérament ne donnait aucune prise à l’abattement ou au renoncement. Il semblait toujours engagé dans quelque projet, préparait un voyage, annonçait une rencontre, se passionnait pour les innombrables et délicates missions qu’on lui confia. Il semblait le plus immortel de nous tous, glosant avec humour, grâce à sa culture inouïe, la marche du temps. Cette bonhomie, parfois troublée par les fâcheux, masquait des épreuves privées dont il ne disait rien. Son ironie, sa drôlerie, sa finesse, l’agrément de sa conversation et son usage du monde formaient un idéal de civilité. Il y avait chez lui une élégance morale et intellectuelle qui fuyait la trivialité, l’animosité ou la cuistrerie.
Sa prestigieuse carrière dans le monde de l’opéra, connue et reconnue, en fit une référence mondiale. Là aussi, il fut créatif, ouvert et visionnaire. Et je me souviens du bonheur indicible qui fut le sien quand il fut élu à l’Académie des beaux-arts, en 2002. Ce fut l’une des plus grandes joies de sa vie, alors qu’il a reçu tous les honneurs et les charges les plus éminentes. Aussitôt il fut très actif au sein de l’Institut, et souvent sollicité.
Nous étions très proches depuis plus de trente ans et avons partagé, en divers lieux, bien des moments d’amitié inoubliables. À son mari Éric, déjà très éprouvé, et à tous ceux qui ont eu la chance de bénéficier de sa fraternité ou de sa compagnie, j’adresse, en mon nom et celui de mon épouse Laure, au nom aussi de tous les membres de l’Institut, unis dans le deuil, mes condoléances les plus sincères.
Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France