Faire un don

La Grenouille et le Rat

Il s’agit de la fable XI du livre IV des Fables choisies, publié en 1668. Le fonds Erhard comprend 18 illustrations de cette fable.

Pistes pédagogiques

 

  • Montrer que la suprématie de la grenouille repose, dans la fable, sur l’art de la parole. Sur quoi se fonde-t-elle dans les illustrations ?
  • La scène finale, vers 33 à 41. Étudier le rythme des vers et la forme dessinée par le texte sur la page, et observer les images 8 et 9. Commenter.
  • Comment le fabuliste donne-t-il une portée générale aux quatre derniers vers ? Et comment la morale s’exprime-t-elle dans les images ?

Choisir le vers que l’on préfère et l’image qui pourrait l’illustrer.

 

La Grenouille et le Rat

 

Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner autrui,
Qui souvent s’engeigne soi-même.
J’ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd’hui :
Il m’a toujours semblé d’une énergie extrême.
Mais afin d’en venir au dessein que j’ai pris,
Un Rat plein d’embonpoint, gras, et des mieux nourris,
Et qui ne connaissait l’Avent ni le Carême,
Sur le bord d’un Marais égayait ses esprits.
Une Grenouille approche, et lui dit en sa langue :
« Venez me voir chez moi, je vous ferai festin. »
Messire Rat promit soudain :
Il n’était pas besoin de plus longue harangue.
Elle allégua pourtant les délices du bain,
La curiosité, le plaisir du voyage,
Cent raretés à voir le long du Marécage :
Un jour il conterait à ses petits-enfants
Les beautés de ces lieux, les mœurs des Habitants,
Et le gouvernement de la chose publique
Aquatique.
Un point sans plus tenait le galand empêché.
Il nageait quelque peu ; mais il fallait de l’aide.
La Grenouille à cela trouve un très bon remède :
Le Rat fut à son pied par la patte attaché ;
Un brin de jonc en fit l’affaire.
Dans le Marais entrés, notre bonne Commère
S’efforce de tirer son Hôte au fond de l’eau,
Contre le droit des Gens, contre la foi jurée ;
Prétend qu’elle en fera gorge chaude et curée ;
(C’était à son avis un excellent morceau.)
Déjà dans son esprit la Galande le croque.
Il atteste les Dieux ; la Perfide s’en moque.
Il résiste ; elle tire. En ce combat nouveau,
Un Milan qui dans l’air planait, faisait la ronde,
Voit d’en haut le pauvret se débattant sur l’onde :
Il fond dessus, l’enlève, et par même moyen,
La Grenouille et le lien.
Tout en fut ; tant et si bien,
Que de cette double proie
L’Oiseau se donne au cœur joie,
Ayant de cette façon
À souper chair et poisson.

La ruse la mieux ourdie
Peut nuire à son inventeur ;
Et souvent la Perfidie
Retourne sur son auteur.

Découvrir

les contenus liés

Retour en haut