DEVENIR MÉCÈNE

Maurice Genevoix, de l’Académie française, entre au Panthéon

Académie française - 10 novembre 2020

Le mercredi 11 novembre 2020, l’écrivain Maurice Genevoix entrera au Panthéon. Il avait été élu à l’Académie française en 1946. Il y aura ainsi : celle de l’écrivain et celle, à « titre collectif », de tous « Ceux de 14 » : « simples soldats, officiers, engagés, appelés, militaires de carrière, sans grade et généraux, mais aussi les femmes engagées auprès des combattants ».

L'écrivain des Poilus

Maurice Genevoix naît à Decize, dans la Nièvre, le 29 novembre 1890.

Il est élève au lycée d’Orléans, puis au lycée Lakanal, avant d’entrer à l’École normale supérieure.

À peine ses études achevées à l’École normale supérieure, la guerre est déclarée.

Alors âgé de vingt-quatre ans il est mobilisé dès le mois d’août 1914. Il participe aux combats de tranchées, aux Éparges, dans la région de Verdun durant sept mois.

En avril 1915, il est gravement blessé, et évacué. Après une longue convalescence, son état de santé ne lui permettant pas de retourner au front, il est réformé.

C’est à cette époque que le destin met Maurice Genevoix sur la voie de l’écriture.

En effet, si la guerre exigeait des combattants « plus qu’on ne pouvait demander à des hommes », au nom du devoir patriotique, elle requérait désormais, au nom du devoir de mémoire, leurs témoignages. Maurice Genevoix ne se dérobe pas. Il commence à rédiger, à partir de ses notes prises assidûment au front, son premier ouvrage Sous Verdun. Malgré quelques passages censurés, celui-ci fut publié dès 1916. Ce volume constitue le fondement d’une œuvre qui se poursuivra pendant près de soixante-dix ans, avec une cinquantaine de titres. 

© Famille Genevoix

L'homme des Vernelles

Le roman qui lui vaudra le prix Goncourt 1925

En 1919, il attrape la grippe espagnole et se rend chez son père à Chateauneuf sur Loire, où il poursuit la rédaction de ses œuvres de guerre jusqu’en 1924.

En 1925, Maurice Genevoix obtient le prix Goncourt pour Raboliot, un roman dans lequel il évoque et exalte la vie libre d’un braconnier de Sologne.

Cette distinction lui permet d’acheter la maison des Vernelles, non loin de la demeure de son père. C’est dans cette maison, dans son bureau face à la Loire qu’il aimait tant, qu’il écrit la plupart des ses livres. 

 

Après ses ouvrages de guerre, Maurice Genevoix élabore ainsi une poétique qui réfère, pour une grande part, au désir de nature, qui n’est ici, ni une nostalgie ni une régression, mais une émancipation nécessaire à des personnages qui cherchent leur liberté dans une vie digne.

Son œuvre abondante a souvent pour cadre la nature du Val-de-Loire dans laquelle évoluent en harmonie hommes et bêtes.

Observateur très attentif, très subtil, très profond de la vie des champs et des forêts, son style est descriptif et exemplaire, et peut être sans dommage comparé à celui de Colette.

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Maurice Genevoix et son épouse, dans le jardin des Vernelles

On citera : 

  • Rémi des Rauches (1922), 
  • Raboliot (1925),
  • La Boîte à pêche (1926), 
  • Les Mains vides (1928), 
  • Rroû (1930), 
  • L’Assassin (1932), 
  • Gai-l’Amour (1932), 
  • Forêt voisine (1933), 
  • Marcheloup (1934), 
  • Le Jardin dans l’île (1936), 
  • La Dernière Harde (1938), 
  • Les Compagnons de l’Aubépin (1938), 
  • L’Hirondelle qui fit le printemps (1941), 
  • Sanglar (1946), 
  • L’Aventure est en nous (1952), 
  • Fatou Cissé (1954), 
  • Routes de l’aventure (1959), 
  • Au cadran de mon clocher (1960), 
  • La Loire, Agnès et les garçons (1962), 
  • Derrière les collines (1963), 
  • Christian Caillard (1965), 
  • Beau Français (1965), 
  • La Forêt perdue (1967), 
  • Images pour un jardin sans murs (1968), 
  • Tendre bestiaire (1969), 
  • Bestiaire enchanté (1970), 
  • Bestiaire sans oubli (1971), 
  • La Mort de près (1972), 
  • Un jour (1976), 
  • Loreleï (1978), 
  • La Motte rouge (1979), 
  • Trente mille jours (1980).

L'académicien

© Archives Le Républicain Lorrain

Candidat au fauteuil de Louis Gillet de l’Académie française, au mois d’avril 1946, Maurice Genevoix s’était retiré devant Paul Claudel.

Il fut élu le 24 octobre 1946, par 19 voix au fauteuil de Joseph de Pesquidoux et fut reçu le 13 novembre 1947 par André Chaumeix.

Homme d’amitié, Maurice Genevoix assuma pendant quinze ans, de 1958 à 1973, la charge de secrétaire perpétuel avec un dévouement et une bonne grâce qui restent inoubliées.

 

Son épée a été créée par Cartier en 1947.

Les deux grandes sources d’inspiration de l’œuvre de Maurice Genevoix, la terre et la première guerre mondiale, sont évoquées dans les ciselures qui décorent son épée.

L'épée d'académicien de Maurice Genevoix

La première face laisse apparaître l’image nue d’un guerrier blessé, la tête renversée en arrière, crispée par la souffrance, le bras tombant armé d’un glaive. Sa présence rappelle les ouvrages qui ont fait de l’académicien, lui-même blessé pendant la Grande Guerre, le chroniqueur des misères et de l’héroïsme du poilu jeté dans la bataille.

Sur la seconde face, une nymphe, une église au fin clocher, évoquent le Nivernais où naquît l’écrivain et le Val de Loire où il se plaît à résider. Les autres détails se réfèrent à telle ou telle de ses œuvres, toutes pétries de l’attachement à la terre natale et où se profilent les grands thèmes lyriques du fleuve et de la forêt. Une pomme de pin au pommeau, une seconde à l’embout du fourreau, rappellent Forêt voisine. Sur les deux bagues du fourreau apparaissent des chats, en souvenir de Rroû et des hirondelles, rappel de l’hirondelle qui fit le printemps.
La tête de chouette, emblème de la sagesse, qui décore le bouton est une allusion aux humanités grecques de l’auteur et fait aussi songer à son ouvrage Vaincre à Olympie.

"Pitié pour nos soldats qui sont morts! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour qui nous nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir."

Ceux de 14, Maurice Genevoix

« Aux grands hommes la patrie reconnaissante ! »

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