Le Grand Prix scientifique 2023 de la Fondation Simone et Cino Del Duca remis à Isabelle Panet
Le Grand Prix scientifique 2023 de la Fondation Simone et Cino Del Duca – Institut de France, remis à Isabelle Panet.
Isabelle Panet étudie de 1997 à 2000 à l’Ecole polytechnique, puis intègre l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Elle se spécialise en géodésie et géophysique interne, et soutient
une thèse de doctorat en 2005 à l’Institut de Physique du Globe de Paris, suivie d’un post-doctorat au Geographical Survey Institute of Japan de 2006 à 2008.
Sa carrière se déroule ensuite au sein du Laboratoire de Recherche en Géodésie de l’IGN, puis de l’équipe Géodésie de l’Institut de Physique du Globe de Paris (UMR en co-tutelle IGN), qu’elle dirige depuis 2019. Son travail porte sur l’exploitation des observations de gravimétrie satellitaire pour détecter les signatures gravitationnelles des redistributions de masses en profondeur à l’intérieur de la Terre, souvent inaccessibles par d’autres méthodes géophysiques. Elle caractérise ainsi de manière originale des processus dynamiques liés au cycle sismique et à la convection mantellique. Son approche inclut le développement de méthodes d’analyse du champ de gravité terrestre pour améliorer la résolution des sources internes, et l’interprétation géophysique des signaux qu’elles produisent. Isabelle Panet participe aussi à la spécification scientifique de futures missions de gravimétrie auprès de différentes agences spatiales (CNES, ESA, NASA), dans le but de poursuivre et améliorer l’observation du champ de gravité depuis l’espace.
Projet récompensé.
Le projet récompensé concerne l’étude des variations du champ de gravité autour de la ceinture de feu du Pacifique et l’identification de signaux associés à des mouvements profonds susceptibles d’impacter la sismicité des zones de subduction. À l’interface entre une plaque continentale et une plaque océanique qui plonge dans le manteau, ces frontières géologiques produisent les plus grands séismes observés sur Terre. Comprendre les processus à l’origine de leur déclenchement et identifier des signaux pré-sismiques
reste un enjeu majeur, qui nécessite de mieux contraindre le rôle de la dynamique profonde des plaques en subduction dans le manteau. Ces déformations asismiques des plaques subduites restent encore inaccessibles aujourd’hui en raison d’une lacune observationnelle. Le projet propose de les documenter à travers l’impact sur la gravité terrestre des redistributions de masses associées. Les méthodes d’analyse développées par Isabelle Panet ont ainsi permis de mettre en évidence des variations de gravité d’origine profonde dans les mois précédant le séisme du 11 mars 2011 au Japon (Mw 9.0) et le séisme du 27 février 2010 au Chili (Mw 8.8). Ces signaux pré-sismiques suggèrent des déformations asismiques soudaines des plaques subduites dans le manteau supérieur vers 150-300 km de profondeur, dont la migration vers la surface pourrait avoir créé des conditions favorables au déclenchement et à la propagation de ces très grandes ruptures.