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Découvrez le rapport annuel 2022
de l’Institut de France

Institut de France - 15 mai 2023

Le mot du chancelier

Xavier Darcos,
Chancelier de l’Institut de France

 

« Mais toi, quels vents, quels destins, ont dirigé ta course ? », demande Andromaque à Énée, alors qu’il la retrouve en Épire, bien après la chute de Troie. Je vais répondre à mon tour, au nom de l’Institut de France : à l’orée de son rapport annuel, rappelons sa singulière destinée.

Il fut créé le 25 octobre 1795, pendant la Première République : les savants et les créateurs, de nouveau réunis après la suppression des anciennes académies royales, pouvaient poursuivre leur mission, la recherche et la publication des découvertes, « l’utilité générale et la gloire de la République ». Au retour de la monarchie en France, en 1816, il fut question de le supprimer ; Chateaubriand défendit ardemment cet enfant de la Révolution et plus encore des Lumières. Il greffait l’idéal républicain aux institutions de l’Ancien Régime au nom d’une valeur supérieure : « Une nation ne cesse pas de vivre et de se perpétuer quoiqu’elle soit battue par les orages : son existence morale peut être arrêtée, mais sa vie intellectuelle continue ».

Que la vie intellectuelle se poursuive, non pour elle-même mais pour le bien commun : tel est le socle que l’Institut offre aux cinq académies qui le composent aujourd’hui. « Votre base est si j’ose dire insubmersible », leur déclarait Ernest Renan le 25 octobre 1887 : « votre loi constitutive n’implique d’autre dogme que la foi à la raison ».

Est-il trop naïf et trop bref de rappeler d’une voix modeste notre valeur partagée : la confiance en la science ? Je ne le crois pas : à l’heure de la désinformation, quand opinion erronée et parole vraie sont lissées dans une fausse égalité, ce qui était autrefois un acquis est aujourd’hui une bannière à défendre. L’année 2022 s’est rangée sous cet étendard : le rapport sur les éoliennes, rendu par trois académies, engage à délaisser les énergies fossiles ; le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, célébré par l’Académie des sciences et par France Mémoire, rappelle la découverte d’utilité générale que fut le vaccin contre la rage ; et les académies se sont mobilisées pour soutenir l’Ukraine.

À cela s’ajoutent les nombreux donateurs qui nous ont accordé leur confiance au fil des siècles, en nous léguant leur patrimoine ou en nous choisissant pour abriter leur fondation. Loyal envers eux et fidèle à ses valeurs, l’Institut veut aujourd’hui renforcer ses assises et retrouver son équilibre. À son horizon : restaurer l’éclat de son patrimoine, fortifier son action philanthropique avec des fondations plus solides, professionnaliser ses équipes et demeurer ce cadre commun aux cinq académies où « la vie intellectuelle continue ».

Poussé par le vent républicain de la Révolution, il poursuit inlassablement sa course : le bien commun et la gloire de la France. Et il ne peut l’accomplir qu’en continuant de s’ouvrir le plus largement possible, pour « jeter (…) de longs sillons de lumière à travers l’antique nuit des préjugés et des erreurs » (Daunou).

 

 

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