Le mot du chancelier
« En rapprochant les académies, l’Institut leur rappelle sans cesse qu’elles ont une même origine et qu’elles se doivent un mutuel concours », déclarait Alexis de Tocqueville aux cinq compagnies savantes, lors de leur séance publique annuelle en 1847. « Les sciences, les lettres et les arts ne s’aident plus comme à leur insu ; ils ne se donnent plus la main sans se voir. »
Cette confraternité féconde se manifeste avec la rentrée solennelle commune. Cette cérémonie se perpétue aujourd’hui, toujours le mardi le plus proche de la date de création de l’Institut, le 25 octobre 1795. Et, selon un rituel précis, elle rend manifeste la rencontre entre les savoirs. Mardi 24 octobre dernier, au son des tambours de la garde républicaine, sabre au clair, les membres de l’Institut ont donc investi la Coupole. Après avoir rendu hommage à leurs membres disparus lors de l’année écoulée, un délégué de chaque académie a pris la parole sur le thème retenu, « l’eau », et l’a éclairé à l’aune de son champ de connaissances. C’est un moment de grâce où lettres, arts et sciences se répondent.
C’est aussi chaque année l’occasion de rappeler nos missions et nos valeurs communes. La première d’entre elles est de poursuivre les recherches. Le colloque de la Villa Kérylos, « Délos et la méditerranée », organisé par l’Académie des inscriptions et belles-lettres le mois dernier, y a magistralement contribué ; celui de l’Académie des sciences morales et politiques sur l’enseignement professionnel et l’apprentissage a aussi rappelé combien le temps long de la réflexion est nécessaire sur ces sujets, fondamentaux pour notre nation.
Enfin, nos institutions ont à charge de remettre des prix pour encourager la recherche et la création. Au mois d’octobre, l’Académie française a décerné son Grand Prix du roman à Dominique Barbéris, l’Académie des beaux-arts a confié son Grand Prix de chorégraphie à Germaine Acogny et l’Académie des sciences a orchestré sa première cérémonie annuelle de remise des prix. Là comme ailleurs, nous accomplissons notre devoir pour que notre société s’ancre toujours aux valeurs humanistes qui la fondent.