La Lettre de l’Institut de France du mois de mars 2022
Le mot du chancelier
Au cours de ce mois de mars, l’Académie française a reçu deux de ses membres sous la Coupole, François Sureau et Maurizio Serra. Ce mois faste aurait dû nous aider à fermer le terrible chapitre de la pandémie pour en commencer un nouveau. Mais celui qui s’ouvre n’a rien de nouveau : c’est celui de la guerre, à nos portes, dans sa brutalité obscène, charriant ses répétitives images de désolation.
Recevoir parmi nos confrères un Italien, l’ambassadeur Maurizio Serra, fils d’un historien spécialiste des relations franco-italiennes, écrivain francophone et diplomate européen, n’en a que plus de sens à nos yeux. Il succède à Simone Veil, grande figure de la construction européenne qui, après avoir siégé sous la Coupole du Quai Conti, repose désormais sous celle du Panthéon.
Chacun à sa manière, François Sureau et Maurizio Serra sont des promoteurs de l’universalité de la culture française, comme de l’esprit européen dans ce qu’il a de meilleur. Tous les membres de l’Institut sont animés par cet idéal, qui se déploie dans la diversité de nos académies et qui s’incarne dans nos engagements. La diplomatie, la littérature, l’histoire, les sciences et les arts sont liés par une évidente parenté. Face au confus spectacle de la vie, les académies se soucient de rendre le monde intelligible, grâce à leur dialogue permanent. Elles interrogent l’altérité pour qu’elle soit comprise, respectée et partagée. Devant la tragédie des temps, elles ont mission d’analyser l’évolution de la communauté humaine et, si possible, de conjurer ses errements.